Anniversaire. Henri Michaux (24 mai 1899 – 19 octobre 1984)
Ne me laissez pas pour mort, parce que les journaux auront annoncé que je n’y suis plus. Je me ferai plus humble que je ne suis maintenant. Il le faudra bien. Je compte sur toi, lecteur, toi qui vas me lire quelque jour, sur toi, lectrice. Ne me laisse pas seul avec les morts comme un soldat sur le front qui ne reçoit pas de lettres. Choisis-moi parmi eux, pour ma grande anxiété et mon grand désir. Parle-moi alors, je t’en prie, j’y compte.
Ecuador (1929).
Elle avait remarqué pendant l’audience qu’un peintre essayait de saisir ses traits, et la regardait avec un vif intérêt. Elle s’était tournée vers lui. Elle le fit appeler après le jugement, et lui donna les derniers moments qui lui restaient avant l’exécution.
Depuis 1915, les livres primés par le jury Goncourt ont tous la Grande Guerre pour sujet. 1919 devrait confirmer cette tendance. De nombreux romans ou récits de guerre viennent d’ailleurs de paraître. Parmi eux, Les Croix de bois de l’ancien combattant Roland Dorgelès, publié chez Albin Michel, pourrait bien décrocher la timbale. Verdict le 10 décembre. Le jour dit, c’est un apparent outsider qui est couronné. Il se nomme Marcel Proust et a publié en juin, à la NRF, le deuxième volume d’À la recherche du temps perdu : À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Un titre remarquablement peu martial, il faut bien l’avouer.
Romain Gary ne passe pas pour un théoricien du roman. Quant à sa pratique de l’art romanesque, elle n’a pas toujours été bien comprise en son temps. Environ un demi-siècle plus tard, il n’est pas inutile d’y regarder de plus près. Mireille Sacotte et Denis Labouret s’y emploient dans leur Introduction aux Romans et récits, deux termes qui méritent examen. C’est notamment cet examen que proposent les pages publiées ici en avant-première.