Parution le 17 Octobre 2024
1408 pages, Prix de lancement 69.00 € jusqu'au 31 12 2024
II. […] si nous voulions recenser toutes les vicissitudes qu’a connues l’État romain depuis les origines de la Ville, nous n’en trouverions aucun qui ait vécu une plus grande prospérité ou souffert de plus grands maux. Et, pour commencer par Romulus, le père et fondateur véritable de l’État, quelle ne fut pas sa réussite, lui qui fonda, organisa et renforça l’État, et, seul parmi tous les fondateurs, laissa une ville parfaitement constituée ! Que puis-je dire ensuite de Numa, qui offrit à sa cité retentissant du fracas des guerres et enfantant des triomphes la protection de la religion ? Notre État connut donc la prospérité jusqu’à l’époque de Tarquin le Superbe, mais traversa une tempête en raison de son caractère tyrannique dont il se vengea non sans lourdes pertes. Il grandit ensuite jusqu’à l’époque de la guerre gauloise, mais fut pour ainsi dire englouti comme dans un naufrage lorsque la Ville, sauf la citadelle, fut prise et qu’il subit presque plus de malheurs qu’il n’avait jusqu’ici connu de bonheurs. Il retrouva par la suite son entière félicité mais fut à tel point accablé au cours des guerres puniques, comme il le fut aussi de la terreur suscitée par Pyrrhus, qu’il ressentit en son coeur empli d’épouvante les angoisses d’un être mortel.
III. Il grandit encore après la défaite de Carthage en étendant son empire au-delà des mers, mais fut affecté par les querelles avec ses alliés, épuisa le bénéfice de sa félicité et continua à vieillir, exténué par les guerres civiles, jusqu’à Auguste. Il fut restauré alors par Auguste, si l’on peut parler de restauration quand on a abdiqué la liberté. Malgré tout, même si sa situation intérieure était triste, il brillait auprès des nations extérieures. Après avoir subi bien des Néron, il releva la tête grâce à Vespasien. Sans avoir pu jouir totalement de la félicité promise par Titus, il fut blessé par la cruauté de Domitien et connut des jours meilleurs sous Nerva et Trajan et jusqu’à Marc Aurèle avant d’être déchiré par la cruelle démence de Commode. Après quoi, en dehors du règne scrupuleux de Sévère, il ne connut rien de bon jusqu’à Alexandre, le fils de Mamaea. Il serait trop long d’enchaîner avec tout ce qui suivit : il n’eut pas la possibilité de jouir du règne de Valérien et subit Gallien pendant quinze années. La Fortune, pour ainsi dire toujours ennemie de la justice, refusa à Claude, par goût du changement, de régner longtemps. De fait, la façon dont Aurélien fut assassiné, celle dont Tacite fut emporté, Probus tué, prouvent que rien ne plaît tant à la Fortune, dans les affaires publiques, que la variété des événements et des changements. Mais pourquoi poursuivre ces débats sur les vicissitudes des temps ? Venons-en à Carus, un médiocre, si j’ose dire, qu’il convient de ranger parmi les bons princes plutôt que parmi les mauvais et qui aurait été bien meilleur s’il n’avait laissé Carin comme héritier. […]
Traduit du latin par Stéphane Ratti.