Parution le 7 Novembre 2024
1632 pages, ill., Prix de lancement 72.00 € jusqu'au 31 12 2024
La série des Concerts de la Pléiade s’achève symboliquement le 22 mai 1947 par la première création à Paris d’une pièce d’un compositeur français, inspirée de l’une des oeuvres littéraires les plus emblématiques de l’esprit de Résistance.
Il s’agit de la Cantate pour double chœur mixte a cappella de Francis Poulenc, mettant en musique huit poèmes de Paul Eluard extraits de Poésie et vérité 1942 – dont « Liberté », qui est le seul à y avoir gardé son titre original –, réédités après-guerre dans le recueil Figure humaine. Il ne s’agit pas de la première audition de cette œuvre, Figure humaine ayant été entendue à Londres puis à Bruxelles en 1945 et 1946. Francis Poulenc a raconté dans ses Entretiens la genèse de sa cantate, achevée durant l’été 1943 : « Pendant l’Occupation, quelques privilégiés, dont j’étais, avaient le réconfort de recevoir, au courrier du matin, de merveilleux poèmes dactylographiés, au bas desquels, sous des noms d’emprunt, nous devinions la signature de Paul Éluard. C’est ainsi que j’ai reçu la plupart des poèmes de Poésie et vérité 1942. […] L’idée d’une oeuvre secrète, qu’on pourrait éditer, préparer clandestinement pour la donner le jour tant attendu de la Libération, m’était venue à la suite d’un pèlerinage votif à Rocamadour. [...] Mon éditeur et ami Paul Rouart accepta de publier cette cantate sous le manteau. Grâce à cela, dès la Libération, on put envoyer la musique à Londres, et avant la fi n de la guerre, en janvier 1945, sous la direction de Leslie Woodgate, les chœurs de la B.B.C. en donnèrent la première audition. » Notons que le poète rendit lui-même hommage au compositeur dans De la musique encore et toujours (1946) : « Francis, je ne m’écoutais pas / Francis je te dois de m’entendre. »
Il reviendra à Paul Collaer, grand amateur de musique française, de présenter l’œuvre de Poulenc au public ; Bruxelles devait à ce musicien et musicologue belge ses fameux concerts de la « Société privée de musique de chambre », inaugurés en novembre 1942, entreprise jumelle des Concerts de la Pléiade ; on y jouait Janequin, Couperin, Rameau, Satie, Debussy, Ravel, Poulenc, Messiaen... Mais les Concerts de la Pléiade tenaient à cœur au compositeur : « Les deux concerts publics de la Pléiade [...] ont été précédés par cinq concerts privés qui ont eu lieu de février à juin dans la Galerie Charpentier. Si brève soit leur histoire, les Concerts de la Pléiade ont déjà leur légende. Du fait que les premiers d’entre eux gardèrent un caractère privé, un reproche de mondanité leur fut adressé. Nous ne sachons pas que l’intérêt d’un concert se mesure au nombre de gens du monde qui y vont ou n’y vont pas ; et par ailleurs il existe assez de concerts que fréquentent les seuls musiciens ou même des gens avertis, auquel seraient présentées des œuvres particulièrement peu jouées. Nombre d’écrivains, de peintres, de musiciens, de critiques furent invités à ces concerts organisés par les Éditions de la NRF et qui s’adressaient autant aux uns qu’aux autres. Combien de ces écrivains mais aussi de ces musiciens entendirent pour la première fois Apollon Musagète et le Concerto pour deux pianos de Strawinsky, les Sept chansons de Poulenc [...] les Bagatelles d’Auric et apprirent jusqu’à l’existence d’un Jean Françaix ou d’un Olivier Messiaen. »
Après-guerre, les Concerts de la Pléiade élargiront leur champ d’intérêt. L’indication « (musique française) » est abandonnée à dessein en novembre 1945, sans pour autant que soit négligée la création nationale (Yves Baudrier, Henri Barraud, Serge Nigg, élève de Messiaen...). Le concert de mars 1947 consacre une grande part de son programme à l’école russe, tandis qu’avait été jouées auparavant des œuvres du jeune Benjamin Britten, de Manuel de Falla ou de Carlos Chavez.
Si cette série de concerts fut appréciée, on l’a vu, quelques réserves furent cependant exprimées par les critiques. Henri Hell, dans la livraison du 1er décembre 1945 de Terre des hommes, soulignait sa déception lors du concert du 23 novembre ; il attendait plus de qualité dans l’interprétation des œuvres produites à ce niveau, « somptueux fruits du mécénat ». La voix de Georges Jouatte, familier de l’opéra classique, lui semblait singulièrement embrumée et l’artiste peu à son aise avec la mélodie de Britten...
Mais c’est à Louis-René Des Forêts qu’on doit la critique la plus virulente, dans Le Magasin du spectacle d’avril 1946 – revue éditée, précisons-le, par le jeune Robert Laffont, alors voisin et concurrent de la NRF ! – dans un assez long article consacré aux Concerts de la Pléiade. Après s’être inquiété de la pauvreté de la création musicale française, qu’il attribue à un manque de profondeur, de rigueur et de réflexion, il avance : « Rien ne nous paraît plus significatif à cet égard que l’écart entre le but que s’était proposé à l’origine M. Gallimard en organisant les Séances de la Pléïade, et la réalisation effective de son programme. » Toutes les conditions étaient réunies pour faire au mieux : public averti et avide de nouveautés, choix sévère des interprètes... Et pourtant, selon Des Forêts, ces concerts ne firent que mettre en évidence le peu de contenu spirituel et la médiocrité des œuvres de Françaix, Sauguet, Delage, Milhaud, Auric ou Poulenc...
Écriture lâche pour l’un, clinquant pour l’autre, manque d’esprit d’aventure et d’imagination pour toutes. L’émotion n’est pas au rendez-vous... et quand elle l’est, comme pour Les Trois Petites Liturgies de la présence divine, elle n’est pas dépourvue d’arrière-pensée... On a essayé de nous subjuguer avec cette « musique chatoyante et décorative », pense l’auteur des Mendiants, aux « effets faciles ». Et Des Forêts de conclure : « Nous l’avons déjà dit le succès remporté par cette oeuvre à la première audition : cela prouve une fois de plus qu’un public, même trié sur le volet, comme l’est en principe celui de la Pléïade, se montre toujours incapable de résister à ce qui provoque en lui une jouissance purement physique, et témoigne ainsi d’une totale méconnaissance de la vrai
e nature de la musique. [...] Si les concerts de la Pléïade ne nous ont pas révélé jusqu’à présent une seule œuvre véritablement nouvelle et authentique, il est clair que la faute n’en incombe pas à ses organisateurs, mais bien à la navrante carence de jeunes musiciens [...] (Je vois bien le mécène, mais où sont les artistes ? » fait dire Aristophane à l’un de ses personnages) ». À chacun sa vérité.
■1er mars 1944,
Salle du conservatoire
Jean-Philippe RAMEAU, Platée, comédieballet [orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction de Fernand Lamy ; chorale Yvonne Gouverné ; clavecin : Marcelle de Lacour ; interprété par Paul Derenne, Janine Micheau, Geneviève Touraine, Georges Cathelat, Camille Maurane, Jacques Bastard et Bernard Lefort...]
Document imprimé attesté
« Concerts de la Pléiade (musique française) organisés par la Nrf. 2e année. Salle du Conservatoire. Le mercredi 1er mars 1944 », programme, 195 x 141 mm., 20 p., texte d’André Schaeffner.
■ 4 avril 1944, Salle du conservatoire
[Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction d’André Cluytens]
Jean-Jacques GRUNENWALD, Concert d’été, pour piano et orchestre à cordes (1ère audition) [au piano, l’auteur]
André JOLIVET, Poèmes intimes (Louis Emié) (1ère audition) [Pierre Bernac]
Francis POULENC, Aubade, concerto chorégraphique pour piano et 18 instruments [au piano, l’auteur]
Maurice RAVEL, Ma mère l’oye, ballet en cinq tableaux et une apothéose
Document imprimé attesté
« Concerts de la Pléiade (musique française) organisés par la Nrf. 2e année. Salle du conservatoire. Le mardi 4 avril 1944 », programme, 195 x 141 mm., texte d’André Schaeffner, notices sur les oeuvres et les compositeurs.
■ 13 juin 1944, Salle du conservatoire
[orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, sous la direction de Charles Münch]
Jean-Philippe RAMEAU, Suite de Dardanus
Georges BIZET, Première symphonie en ut majeur
Igor STRAWINSKY, Les Noces, scènes chorégraphiques avec chant et musique [voix soli : Mmes E. Schenneberg et N. Wetchor ; MM. J. Peyron et Mondé ; chorale Yvonne Gouverné ; pianos : Monique Haas, Soulima Strawinsky, Irène Aïtoff et Francis Poulenc]
Document imprimé attesté
« Concerts de la Pléiade (musique française) organisés par la Nrf. 2e année. Salle du conservatoire. Le mardi 13 juin 1944 », programme, 195 x 141 mm., texte d’André Schaeffner, notices sur les oeuvres et les compositeurs.
■ 21 avril 1945, Salle du conservatoire
[Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction de Roger Désormière]
Œuvres polyphoniques de la Renaissance :
chansons françaises :
Josquin DES PRÉS, Petite camusette
Clément JANEQUIN, Petite Nymphe folastre (Ronsard)
– , Du beau tetin (Marot)
Claudin LE JEUNE, Revecy venir du printans (Baïf)
– , S’ébahit-on si je vous ayme
– , L’Été rallumant les feux
André CAPLET, Inscriptions champêtres (Rémy de Gourmont), pour voix de femmes
Darius MILHAUD, Quatrains valaisans (R. Maria Rilke) (1ère audition)
Francis POULENC, Un soir de neige (Paul Eluard) (1ère audition) [chorale Yvonne Gouverné sous la direction de Fernand Lamy pour l’ensemble des oeuvres précitées]
Olivier MESSIAEN, Trois petites liturgies de la présence divine (1ère audition) [piano : Yvonne Loriod ; ondes : Ginette Martenot ; chorale : Yvonne Gouverné]
Document imprimé attesté
« Concerts de la Pléiade (musique française) organisés par la Nrf. 3e année. Salle du conservatoire. Le samedi 21 avril 1945 », programme, 193 x 155 mm., 28 pages, textes d’André Schaeffner et d’Olivier Messiaen.
■ 23 novembre 1945, Salle du conservatoire
François COUPERIN, La Ténébreuse allemande, Les Fauvétes plaintives, Les Idées heureuses, La Garnier, L’Engageante, La Lugubre, La Superbe ou la Forqueray [Madeleine Lioux]
Benjamin BRITTEN, Les Illuminations (Arthur Rimbaud) [Georges Jouatte ; Madeleine Lioux]
Éric SATIE, Fête donnée par les chevaliers normands en l’honneur d’une jeune demoiselle ; Trois gnosiennes (n° 3) ; Pièces froides ; Airs à faire fuir (n° 1 et 2) ; Trois gymnopédies (n° 3) ; Sonatine bureaucratique [Madeleine Lioux]
Benjamin BRITTEN, Suite pour piano et violon (1ère audition) [Michèle Auclair ; Madeleine Lioux]
Documents imprimés attestés
« Concerts de la Pléiade. NRF. 4e année. Salle du conservatoire », programme, 193 x 155 mm., 16 p., tiré à 1000 ex., notices sur les oeuvres et les compositeurs. En fi n de programme : « Concerts de la Pléiade : André Schaeffner, Denise Tual, Roland Bourdariat ; secrétariat : Jean-François Méhu » (identique sur les deux programmes suivants)
Carton d’invitation (« Vous êtes priés d’assister au 1er [sic] concert de la Pléiade (musique de chambre). NRF. 4e année. Le vendredi 23 novembre 1945 à 21 heure. Salle du conservatoire. 2bis rue du conservatoire »)
■ 7 décembre 1945, Salle du conservatoire
[Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire sous la direction de Roger Désormière]
Yves BAUDRIER, Symphonie (1ère audition)
Darius MILHAUD, Concerto pour deux pianos et orchestre (1ère audition en Europe) [Ina Marika et Geneviève Joy]
Igor STRAWINSKY, Scènes de ballet (1ère audition en Europe)
Documents imprimés attestés
« Concerts de la Pléiade. NRF. 4e année. Salle du conservatoire », programme, 193 x 155 mm., 18 p., tiré à 1000 ex., texte d’Yves Baudrier, Darius Milhaud et Igor Strawinsky sur leur oeuvre.
■ 21 novembre 1946, Théâtre des Champs-Élysées
[Orchestre de la Radiodiffusion française sous la direction de Roger Désormière]
Manuel de FALLA, Première Suite du Tricorne
Carlos CHAVEZ, Concerto pour quatre cors et orchestre (1ère audition en Europe)
Jean FRANÇAIX, La Douce France (1ère audition)
Igor STRAWINSKY, Troisième Symphonie (1ère audition en Europe)
Documents imprimés attestés
« Concerts de la Pléiade. NRF. 5e année. Théâtre des Champs-Élysées » programme, 193 x 155 mm., 16 p., tiré à 1000 ex., notices sur les oeuvres et les compositeurs.
Carton d’invitation
■ 13 février 1947, Théâtre des Champs-Élysées
[Orchestre national sous la direction de Roger Désormière]
Igor MARKEVITCH, Rébus, Suite de Ballet
Serge NIGG, Concerto pour piano (1ère audition à Paris)
Serge PROKOFIEFF, Cinquième symphonie (1ère audition à Paris)
Document imprimé attesté
« Concerts de la Pléiade. NRF. 5e année. Théâtre des Champs-Élysées », programme, 229 x 182 mm., tiré à 1000 ex., texte d’André Schaeffner, notices sur les oeuvres et les compositeurs. En fi n de programme : « Concerts de la Pléiade : André Schaeffner, Denise Tual ; secrétariat : Jean-François Méhu »
■ 22 mai 1947, Théâtre des Champs-Élysées
[Choeur des émissions fl amande de la Radiodiffusion Nationale Belge]
[Polyphonistes belges des XVe et XVIe siècle :]
Guillaume DUFAY, Deux hymnes
Johannes OCKEGHEM, Sanctus et Benedictus de la Missa Mi-Mi
Josquin BASTON, Een ghilde ient reet laest naer Ghent
Anonyme, Ic seg adiu
Johannes VAN TURNHOUT, Ghy jeyskens
Henri BARRAUD, Le Testament Villon (1ère audition) [Yvon Le Marc’Hadour et Mme Le Marc’Hadour sous la direction de Jan Van Bouwel]
Francis POULENC, Figure humaine (Paul Eluard), cantate pour double choeur mixte a cappella (1re audition à Paris) [sous la direction de Paul Collaer]
Document imprimé attesté
« Concerts de la Pléiade. NRF. 5e année. Théâtre des Champs-Élysées », programme, 190 x 155 mm., tiré à 1000 ex., texte d’André Schaeffner, notices sur les oeuvres et les compositeurs, suivis de « Liberté » de Paul Eluard. En fi n de programme : « Concerts de la Pléiade : André Schaeffner, Denise Tual ; secrétariat : Jean-François Méhu »