Parution le 26 Septembre 2024
130.00 €
2010 marque le cinquantenaire de la mort d’Albert Camus. En 2008, la Pléiade rendait déjà hommage à cet auteur emblématique en achevant de publier ses Œuvres complètes avec les tomes III (1949-1956) et IV (1957-1959).
Décembre 1951 : « J’attends avec patience une catastrophe lente à venir », note Camus. Il n’aura pas longtemps à attendre. L’Homme révolté vient de paraître. La polémique orchestrée par Les Temps modernes enfle dès le printemps. Elle aura des retombées multiples, et durables. Mais Camus ne dévie pas ; il maintient son refus des idéologies qui, au nom d’une justice abstraite et à venir, font régner ici et maintenant une implacable tyrannie. La période est difficile, amère. « Paris est une jungle, et les fauves y sont miteux. » Tout en se défendant, Camus dessine le plan de ce qui sera L’Exil et le Royaume, écrit certains des textes de L’Été et trace, à la fin de 1953, une ébauche du Premier Homme. Ses vues sur la question algérienne — l’espoir d’une entente entre « les deux peuples », la recherche d’une solution politique et, en 1956, l’appel à la trêve civile — lui valent de nouveaux ennemis et provoquent malentendus pénibles et jugements hâtifs. Les thèmes du jugement, de l’innocence, de la culpabilité sont en 1956 au centre de La Chute et de Requiem pour une nonne. Clémence est un « héros de notre temps » : menteur, sarcastique, lâche, incapable d’aimer, mais aussi : désespéré d’être soi, nostalgique de l’innocence. Sans doute fallait-il passer par La Chute pour que naisse un « premier homme » en quête de cette innocence. Albert Camus disparaît le 4 janvier 1960. Des Justes au Premier Homme (1949-1959), ces deux volumes parachèvent ses OEuvres complètes. Organisés selon la chronologie, et non selon les genres littéraires, ils proposent les livres de Camus publiés en librairie, les articles, préfaces et conférences parus de son vivant dans la presse, et ses écrits posthumes. Parmi ceux-ci, Le Premier Homme, révélé en 1994, est ici suivi d’« Éléments » inédits ; on y découvre le développement qu’aurait dû connaître ce que Camus appelait son « grand roman ».
(Extrait de la Lettre de la Pléiade n°34, novembre 2008).